Les
Ramones étaient un groupe de
Punk originaire de
New York et qui fait partie des premières formations du mouvement punk. Fondé en
Janvier 1974, le groupe enregistra 14 albums en studio et effectua de nombreuses tournées avant de se séparer en
1996. Leur look se détachait par son minimalisme et son aspect négligé : cheveux longs, blousons de cuir des
Années 1950,
jeans déchirés aux genoux. Ce style sera repris plus tard par le mouvement
Grunge. Ils n'hésitaient pas à jouer avec l'humour noir accompagné d'une musique entrecoupée de slogans, comme par exemple «
Beat on the brat with the baseball bat » - qui signifie en
Français : « Tape sur le môme avec une batte de base-ball » - ou le titre provocateur de
Blitzkrieg Bop, une allusion à la guerre menée par l'Allemagne nazie, «
blitzkrieg », le deuxième sens de cette chanson étant un hommage aux
kids fans des Ramones qui se déchainent dans leurs concerts, ainsi que «
Today your love, tomorrow the world » en référence au fameux « Aujourd'hui l'Allemagne, demain le monde » de
Hitler. Naturellement, ces titres ne sont que de la provocation punk.
Les quatre Ramones ont influencé avec quelques mois d'avance les kids urbains de la première vague Punk anglo-américaine, en particulier The Clash et les Sex Pistols. En 1976, ils enregistrèrent un album avant de tourner en Angleterre. Les Ramones furent produits par Phil Spector en 1979 pour l'album End of the Century qui sortit dans les bacs en 1980.
Histoire
1973-1976: Quatre Garçons du Queens
Forest Hills,
Queens.
Douglas Colvin, futur
Dee Dee Ramone débarque de
Berlin, seul avec sa mère, au début des années
1970. Le père, un
Sergent de l'armée américaine qui les a trimballés un peu partout en
Allemagne, boit beaucoup et cogne sur tout le monde. S'ils émigrent, c'est pour sauver leur peau. Douglas n'aimait pas l'
Allemagne, il est terrorisé par les
États-Unis. Sa mère se remet à boire et lui s'attaque à l'
Héroïne. Dee Dee témoigne:
"Quand j'avais quinze ans, j'ai commencé à acheter de la dope à la fontaine de Central Park et je la ramenais dans mon quartier du Queens. J'achetais quinze quépas à deux dollars, que je pouvais revendre trois. Le paquet à deux dollars me faisait l'affaire pour la journée. À l'époque, la dope à New York venait de France et c'était du bon matos qui te faisait planer et piquer du nez. De la vraie dope. Un jour, je suis tombé en manque chez ma mère, elle m'a retrouvé tremblant et geignant. Ca l'a mise dans une colère noire, elle a cassé mes disques et lancé ma guitare par la fenêtre. Comme mon père n'était plus là, elle ne me faisait plus peur et j'ai hurlé: "Fous le camp d'ici, sale pute, dégage !" Après ça, j'ai dû quitter la maison. J'avais quinze ans, j'étais dans une merde totale. Une fois, j'ai passé trois mois au trou en Indiana, pour un casse de station essence. Et personne ne s'est occupé de me faire sortir. J'ai appelé ma mère, mon père, tous les gens que je connaissais. Je suis resté trois mois en cellule. En sortant, je suis retourné dans le Queens. Je suis rentré chez ma mère et il y avait ce type, John Cummings, qui est devenu Johnny Ramone. Il habitait de l'autre côté de la rue, et il était cool avec moi."
John Cummings est l'unique fils d'un ouvrier en bâtiment. Enorme fan des Yankees, il voulait Àêtre joueur de base-ball professionnel. Il passe deux ans à l'école militaire, trouve que c'est un job formidable et que ça devrait être obligatoire pour tout le monde. En 1973, il voit les New York Dolls sur scène pour la première fois au Mercer Arts Center. Il raconte: "En les voyant, on a réalisé que c'était un grand groupe, et qu'ils ne jouaient pas tellement bien. Donc, on pouvait envisager de se passer de travailler sa guitare vingt ans avant de jouer du bon Rock 'n' roll." Ce qui lui servira de leçon.
Johnny travaillait pour une boîte de nettoyage à sec et Dee Dee le voyait régulièrement faire ses livraisons. "Je le trouvais cool parce qu'il s'habillait comme il voulait, même pour le boulot. Il avait les cheveux longs, un bandeau délavé, jeans, une veste Levi's, et des Keds toutes pourries. Alors, on se regardait, l'un l'autre." déclarera Dee Dee. Ils finissent par se parler et se rendent compte qu'ils aiment tous deux les Stooges et les New York Dolls. Ce qui est assez exceptionnel, dans le quartier, pour qu'ils commencent à être amis. Au début des années 70, Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrison sont morts. Le rock, maintenant, c'est America, Genesis, Queen, Rod Stewart, ... Les deux garçons détestent.
Les Stooges ne jouaient que tous les neuf mois à New York. Chaque fois qu'ils y ont joué, Johnny et Dee Dee y étaient aussi. Iggy Pop, peint en doré, vomissant pendant une demi-heure de gig, accompagné à la guitare par Scott Asheton, croix gammée dans le dos de son cuir noir... Tout cela leur semble cohérent.
Johhny traîne avec un dénommé Mickey. En revanche, il ne veut pas entendre parler de son petit frère, Jeffrey Hyman (atteint de la maladie de Marfan et de T.O.C), futur Joey Ramone. Parce que c'est le genre à se promener sans chaussures, a traîner à San Francisco avec des hippies. Et Johnny déteste les hippies. À l'époque, Joey porte un énorme afro rouge du Jimi Hendrix Experience. Et, déjà, des petites lunettes noires. Peut être que ce souvenir marquera durablement l'esprit de Johnny, qui (pendant les 22 ans que dureront les Ramones) sera inflexible jusqu'au caractériel sur le code vestimentaire.
Les parents de Joey divorcent quand il a huit ans. Commence alors l'enchaînement des beaux-pères. Sa mère est artiste et collectionneuse d'art... et d'hommes. Gamin, Joey écoute la fameuse R&R Radio sous sa couette, se gavant de Buddy Holly, Gene Vincent, Elvis Presley, Bob Dylan, MC5, Beach Boys... et révère John Lenon. À part les Stooges et les Dolls, les Beatles sont le seul groupe dont tous les Ramones sont d'accord pour dire que "ça le fait". Ils le seront de nouveau, dans les années 90, sur le cas Nirvana.
Dee Dee est plus souple que Johnny en ce qui concerne les hippies. Il est trouve que c'est toujours drôle de voir la façon dont Joey s'habille. Et, surtout, il se cherche un copain de défonce et Joey - s'il ne supporte pas de fumer un pétard sans se recroqueviller en geignant- aime le vin et la picole en général. Terrain d'entente et début d'une amitié. Ils se retrouvent régulièrement pour s'acheter des bouteilles, vont s'asseoir quelque part en ville et boivent toute la journée. Ils insultent quelques personnes et se racontent des trucs.
Par contre, Joey n'aime pas la colle. Donc, quand il s'agit de se mettre la tête dans le sac, c'est avec Johnny que Dee Dee grimpe sur les toits. Ils se trouvent des activités: récupérer des postes TV avant que les éboueurs ne passent, et les lancer du haut des toits pour que l'explosion effraie les passants. Il paraît que l'impact vaut le détour: "On en avait tout spécialement après les petites vieilles qui poussaient leur caddie plein de commissions." À part ça, Dee Dee connaît des numéros de téléphone qui font un "bip bip" fascinant une fois qu'on a collé. Ça peut lui faire sa journée: "Quand on a seize ans, qu'on est fou de rage et qu'on s'ennuie, on a intérêt à être sacrément créatif pour provoquer quelque chose d'excitant."
Puis Joey se fait mettre à la porte par sa mère, pour "son propre bien". Parce qu'elle en a marre de voir son fils ne rien faire et qu'elle pense que ça le réveillera. Rétif à démolusquer, il squatte illico presto la galerie d'art de sa mère. Il invite Dee Dee à dormir par terre, au milieu des toiles, avec lui. Pas de meubles, rien du tout. Mais c'est quand même la maison. Joey peint. Il malaxe des carottes, des laitues, des navets et des fraises et peint avec. Il enregistre des trucs: le buz des lampadaires, le bruit d'un ballon dans un panier de Basket-ball, le tonnerre, et les écoute en boucle, songeur. Joey a fait un séjour en HP. Ce qui fait que Dee Dee le respecte. Parce qu'il en est ressorti, alors que la plupart de ceux qui y sont passés n'y décollent plus. Et, surtout, parce qu'il s'est fait un tas de copines super gentilles avec lui, et toujours prêtes à rendre service.
C'est pourquoi Johnny commence à l'apprécier, bien qu'il ne le prenne pas au sérieux. En tant que ex-pensionnaire d'HP, il veut bavarder avec lui. Johnny affectionne tout ce qui est mauvais d'esprit. Charles Manson lui est sympathique. Tout ce qui est malade, violent ou dément l'intéresse. À cette époque là, Joey vire radical glitter, comme beaucoup d'autres et chante dans son premier groupe, Sniper. Cheveux longs, veste imitation satin noir, gants de cuir, platform-boots lavande... il lui arrive de voler des robes, des bijoux et du maquillage à sa mère. Il s'inspire d'Alice Cooper. Il sera atrocement déçu en apprenant que celui-ci n'est pas un véritable nécrophile.
La toute première fois que Dee Dee voit Joey sur scène, au chant avec son groupe, il est époustouflé. Le visage dissimulé derrière son abondante chevelure, le corps déséquilibré penché vers le micro, statique du début à la fin, il impressionne.
Dee Dee tente par tous les moyens de payer sa dope. Bel androgyne juvénile, il tapine de temps à autre, de qu'il évoquera dans le titre "53rd & 3rd", mais moins souvent en interview. Il s'essaye à la délinquance, mais la fois où il se retrouve dans un lavomatic en croyant braquer une épicerie le décourage rapidement. Il se trouve donc un job de bureau. Il est chargé de prendre le courrier, de le trier et de le distribuer aux employés. Johnny, quant à lui, bosse sur un chantier à Broadway. N'étant pas loin du bureau de Dee Dee, il se retrouvent tous les midis. En général, ils vont au Métropole, un club de go go, et boivent des bières, avant de faire un tour chez Manny's Guitar Store, où ils regardent la vitrine. Ils parlent de monter un groupe.
Le Vendredi 23 janvier 1974, c'est jour de paye. Johnny s'achète une Mosrite bleue et Dee Dee une basse Danelectro. 50$ chacune. Ils appellent Joey pour lui demander s'il veut jouer avec eux et ce dernier répond "yeah". Dee Dee affirme qu'à l'époque, tous les chanteurs voulaient ressembler à Iggy Pop ou à Mick Jagger. Tous sauf Joey, qui avait déjà son propre style. Les premières répétitions se déroulent dans le local tenu par Tommy Erdelyi et Monte Delnick, à Manhattan. Le premier deviendra leur batteur, sous le nom de Tommy Ramone, le second leur "road manager".
Né à Budapest (Hongrie) en 1952, Tommy arrive aux États-Unis en 1956. Il a déjà comme guitariste avec Johnny et le frère de Joey, dans un groupe appelé les Tangerine Puppets, qui reprenait des morceaux des Shadows of Knight, Count Five ou des Stones... Depuis, il est devenu ingénieur du son à Manhattanau studio Record Plant, où il a notamment travaillé sur le mix de "Band of Gypsys" de Jimi Hendrix ou sur le "Devotion" de John McLaughlin. Les premières fois qu'il les entend jouer, il les trouve complètement nuls. Mais excitants. Comme ils s'acharnent et reviennent toutes les semaines, Tommy s'intéresse à leur cas et se laisse séduire. Convaincu de l'originalité et de l'intérêt du projet, il devient leur manager.
"On imaginait très bien ce qu'on devait faire avant d'être capable de le faire." Il ne faut pas omettre que, faute de savoir jouer, ils sont tous d'immenses fans de rock'n'roll. Plus tard, le débat de savoir s'ils sont de légitimes primitifs ou de brillants poseurs fera rage (non sans raison tant leur concept est imagé et travaillé), mais leur rapport au rock n'est pas interrogeable. Les quatre gamins du Queens n'ont absolument rien rencontré d'autre sur leur passage qui puisse tout autant leur parler et les maintenir en vie. Ils ont tous une solide culture musicale et garderont tout au long de leur parcours une curiosité et une saine jalousie pour tout ce qui sonne juste et violent à la fois.
Joey commence par la batterie, mais se trouve rapidement coincé parce que les autres jouent de plus en plus vite et qu'il ne peut pas suivre. Dee Dee chante en même temps qu'il joue la basse mais il ne parvient pas à allier les deux avec le même talent et, de plus, il s'enroue rapidement au chant. Ce qui fait que Tommy, second guitariste à la base, devient le batteur du groupe, ce qui permet à Joey de passer au chant. Ils aimeraient faire des reprises de morceaux bubble-gum, type "Bay City Rollers". Heureusement, ils en sont incapables et doivent écrire leurs propres trucs.
Vient alors le moment où il faut trouver un nom de groupe. Dee Dee propose "The Ramones", parce qu'à l'époque des "Silver Beetles", Paul McCartney s'affublait du pseudonyme de Paul Ramone dans les hôtels. Cependant, dans d'autres interviews, Dee Dee explique que c'est à cause du producteur Phil Ramone. En tout cas, Ramones ça fait gang et ça à du cachet. Même code vestimentaire, même nom de famille, la notion de solidarité tient le combo d'aplomb. On les appellera "les frangins" et toutes les chansons du premier LP sont signés "Ramones".
Les débuts
Le groupe sort un premier album,
Ramones en
1976 (33è meilleur album de tous les temps selon
Rolling Stone) puis
Leave Home et
Rocket to Russia en
1977. Ces trois albums s'avèrent être les meilleurs albums du groupe. Tommy se retire du groupe et laisse sa place à Marc Bell alias
Marky Ramone. Le groupe sort ensuite
Road to Ruin en
1978 un album entre
pop et
hard-rock.
1979-1980: La période Phil Spector
En 1979, ils commencent à travailler sur l'album qu'ils vont enregistrer avec
Phil Spector, le "Roi de la Pop":
End of the Century. L'idée de travailler avec lui vient de
Joey Ramone et Seymour Stein, qui reconnaîtra plus tard:
"Je n'y avait peut être pas réfléchi assez longuement". À la recherche du fameux tube, toujours.
Phil Spector vient les voir lors d'un gig au Whiskey et l'enregistrement commence en
Mai 1979. Mais la fameuse rencontre des deux "murs du son" ne se fera pas dans la bonne humeur (blessure et insécurité de part et d'autre). Chaque pierre apportée à l'édifice aura son prix.
En studio, Phil Spector peut passer dix heures sur l'intro de "Rock 'n' Roll High School", ce qui rend Johnny nerveux, d'autant que son père est mort depuis peu. Le concept des vingt prises, il veut bien, les bizarreries, il veut bien, mais se faire insulter, il n'en peut plus. Mais celui pour qui l'enregistrement est le plus terrifiant, c'est Dee Dee. Une nuit qu'ils sont chez Spector, il veut rentrer dormir à l'hôtel. Spector braque son arme sur lui, puis lui ordonne de s'assoir et leur joue "Baby, I Love You", en boucle et au piano, durant toute la nuit. Dee Dee perd complètement son sens de l'humour mais Joey et Marky souffrent moins que les deux autres. Marky est en effet fan de Hal Blaine, batteur régulier des séances de Phil Spector.
À la base, le producteur voulait enregistrer un album solo pour Joey Ramone. Sa voix serait l'équivalent "mâle" de celle de Ronnie Spector, la chanteuse des Ronettes. Plus épaté que traumatisé, Joey confirmera les délires "sadico-délirants" du producteur: "Si jamais un étranger pénétrait dans le studio, tout s'arrêtait. Ça mettait Phil dans tous ses états. Personne ne pouvait entrer qu'il ne connaissait pas. Il y avait une pute qui trainait là, il l'insultait continuellement. Je crois bien que c'était pour ça qu'elle était payée, s'en prendre plein la gueule. Et la pièce de contrôle était glacée comme un frigo".
En Janvier 1980, l'album End of the Century sort enfin. C'est une de leurs meilleures ventes. Et leurs deux premiers hits (pas numéro 1, mais hits quand même) en Europe: "Baby, I Love You" et "Do You Remember Rock 'n' Roll Radio?". Mais comme l'album a côuté 700 000 $, ça ne leur rapportera pas grand chose. La critique est laudatrice: Phil Spector est parvenu à adoucir le son Ramones sans passer par le "je-te-dresse". Car l'album garde tout de même un "côté punk", symbolisé par l'excellent "Chinese Rock", de Dee Dee Ramone & Richard Hell, et déjà présente sur le premier album des Heartbreakers. Tous ceux qui étaient convaincus que le groupe enregistrait toujours le même disque en sont pour leur frais.
Ils ont même... tombé le Perfecto pour la photo de la pochette. Contre l'avis de Johnny, bien sûr, qui ne voit pas du tout ce genre "d'excentricité" d'un bon oeil. L'album se vend certes mieux que les autres mais ne tombe pas pour autant bien. C'est l'explosion du Punk, qu'ils ont eux-même provoquée, et c'est l'époque où ils choisissent d'en adoucir l'image... mauvais timing. Joey aime l'album et fera toujours savoir par la suite qu'il serait ravi de retravailler avec Phil Spector. Dee Dee, en revanche, déteste. La première fois qu'il entend la version définitive de "I'm affected", il est dans le camion avec les autres, et il a du mal à le croire tellement il trouve ça nul. Il ne manquera plus une occasion de le faire savoir. Sentant qu'il perd de l'affection et de l'attention, le bassiste panique et devient encore plus pénible et commence à énerver tout le monde. Dee Dee est définitivement hors-contrôle.
Johnny et Marky, de leur côté, sont satisfaits. Le premier, mis à part "L'Affaire du Perfecto", trouve que c'est du bon boulot: "Il nous a produits à sa façon, mais sans essayer de changer ce qu'on est". Le second est fasciné par le son de sa propre batterie. Mais ils sont bien conscients que c'est la première et la dernière fois qu'ils sont produits de cette manière.
1980-1985: Des Temps de Crise
Joey et Johnny s'embrouillent régulièrement, méchamment. Il faut
"trouver ce qui ne vas pas dans le groupe" et ils ne sont pas d'accord sur la logique à suivre. Depuis le départ de Tommy, qui avait une idée claire des orientations, le vide a été comblé par Johnny, en tant que leader du combo. Dee Dee raconte:
"Aucun manager ne nous a récupéré autant d'argent que Johnny. Dans l'industrie du disque, on obtient jamais rien facilement. Il faut gueuler, menacer, se battre et tutti quanti... il faut se battre pour chaque chose, chaque aspect de sa vie quotidienne. Pour obtenir un concert, prendre la route, faire que tout soit en place en arrivant, jouer dans de bonnes conditions, récupérer l'argent, tout le matériel, dormir et manger... quelqu'un doit s'occuper de tout ça et Johnny le faisait bien. Mais ce n'est pas le genre de job qu'on te remercie pour avoir fait. Tout ce qu'on retient, c'est que tu gueule tout le temps." Il reconnaît aussi que "Johnny prenait beaucoup de décisions artistiques pour un gars qui n'écrivait pas de chanson."
Au retour de Los Angeles, Dee Dee s'est marié avec Véra. Ils se sont installés à Whitestone, mignonne petite banlieue dans le Queens. Appartement propre et bien équipé. Il y restera dix ans: "Je ne me suis jamais senti chez moi là-bas. Juste paranoïaque." Le lendemain du mariage, bien qu'il y ait voyage de noces, il décolle pour Helsinki, où il y a concert.
Hors camion, les autres membres n'ont pas vraiment de vie. Dee Dee est le seul assez fou-furieux pour se débattre encore et trouver l'énergie de se sentir singulier, et enfermé dans le groupe. Ce qui l' avait d'abors protégé commence à l'étouffer. Il veut se laisser pousser la barbe, pour emmerder les autres, "Comme Fidel Castro, comme les ZZ Top, comme tous les grands rebelles". Il se couvre de tatouages, s'achète des montres qu'il porte jusqu'à six par poignets... n'importe quoi pour ne pas disparaître entièrement dans ce qui ressemble de plus en plus à un naufrage... Dans sa turbulence, Dee Dee est l'icône même de l'increvable...
En 1980, les membres du groupe ne s'adressent même plus la parole. Ils donneront quand même 155 concerts cette année-là. Groupe humainement à la débâcle ou pas, leurs sets restent impeccables. Ils n'ont jamais été condescendants envers leurs fans. Si ceux-ci se déplacent et payent pour les voir, eux donnent tout ce qu'ils doivent. Ils n'envisagent jamais de se séparer: les Ramones ne savent faire rien d'autre que les Ramones. Mais surtout, méprisés par le Mainstream ou pas, ils sont farouchement persuadés de jouer dans le meilleur groupe du monde et, quoi qu'il leur en coûte, estiment que ça en vaut la peine.
Joey semble le moins affecté par le manque de succès. Leurs errances artistiques lui seront plus pénibles. Ils ne renouvellent pas le contrat de management qui les liait depuis 5 ans avec Danny Fields et Linda Stein. Pas d'engueulades, Danny lui-même comprend qu'ils aient envie d'essayer quelqu'un d'autre. Ils sont remplacés par Kurfist, un ancien, mais ça ne changera pas grand chose... Au programme: tourner comme du bétail, enregistrer d'excellents disques qui ne dépassent pas les ventes habituelles... La page "rigolote" de leur histoire est définitivement tournée. Dee Dee commence même un délire psychiatre... toujours fourré chez le médecin, toujours à moitié décrocher en même temps que rechuter...
En mars 1981, ils enregistrent Pleasant Dreams (certainement leur album le plus pop) avec Graham Gouldman, de 10cc, comme producteur. La chanson d'ouverture est pourtant claire: "We Want the Airwaves" ("Nous voulons les ondes"). Mais cette fois, et ce malgré l'excellent et célèbre "The KKK Took My Baby Away", l'accueil tend à l'exécrable. Les Ramones commencent même à passer complètement inaperçu, même si les ventes ne chutent pas. Le public de base restera fidèle jusqu'à la fin. Chaque année, ils se fadent leurs 100 concerts... Stakhanovistes impénitents, ils triment au rock comme au charbon. La malédiction leur plombe la vie et semble se plaire au dessus de leur tête.
La crise d'identité continue avec Subterranean Jungle (1983). Un album qui tente de s'inscrire dans la lignée des quatre premiers, dont le titre le plus connu est "Time Has Come Today", de Willie et Joseph Chambers. Le groupe est désabusé et le disque rapiécé par Walter Lure, des Heartbreakers, qui dispense quelques solos de guitare. Ce 7è album est considéré comme le plus mauvais jamais enregistré par les Ramones.
Marky, qui exagère sur l'alcool, rate un concert parce qu'on ne le laisse pas prendre l'avion, trop saoul. Il quitte le groupe, remplacé en Février 1983 par Richard Reinhardt, Richie Ramone. En Août de la même année, à la sortie d'un concert, Johnny se bat avec un punk de Sub Zero Construction, à propos d'une fille trop bourrée. Crâne fracassé, il est hospitalisé pour une opération au cerveau, sa vie est en danger. Il fait la "une" de tous les journaux de New York. Heureusement, il récupère et rejoint le groupe, crâne rasé. Il a trouvé un titre pour le prochain album, le 8è, qui marque leur dixième anniversaire.
Les Ramones enregistrent Too Tough to Die, qui se rapproche du Punk hardcore, avec Tommy Ramone et Ed Stasium au son. Le disque sort en Octobre 1984, avec comme principaux titres "Too Tough to Die" (qui a donné son nom à l'album), "Durango 95" (titre instrumental qui ouvrira dès lors la plupart de leurs concerts) et "Wart Hog" (symbole du virage hardcore). Les critiques sont plus enthousiastes que jamais, tout le monde autour d'eux annonce une fois encore "cette fois, ça y'est, ça va péter", tout le monde y croit... tout est réuni pour que ça arrive: le disque, le son, l'époque... Mais rien n'y arrive de particulier. Les ventes du disque ne décollent pas.
Mais les Ramones sont avant tout à nouveau en phase avec leurs fans, notamment à Amsterdam, aux Pays Bas, où le groupe se produit devant plus de 250 000 personnes.
1985-1989: La Période "Hard-Core"
En
1985, Joey et Dee Dee composent la chanson "My Brain is Hanging Upside Down (Bonzo Goes to Bitburg)", qui dénonce la visite du Président Américain
Ronald Reagan dans le cimetière allemand de
Bitburg, où des soldats nazis étaient enterrés. Le titre bénéficiera d'une sortie en single, couplée avec un inédit des
Ramones, "Go home Ann", avant d'être intégré à leur nouvel album dont ils débutent l'enregistrement en
Décembre de la même année.
En Mai 1986, sortie de Animal Boy, qui confirme l'orientation résolument radicale du groupe, avec des titres comme "Somebody Put Something in My Drink" (sujet à de nombreuses reprises), de Richie Ramone ou "Love Kills", un hommage de Dee Dee Ramone à Sid Vicious, le bassiste des Sex Pistols, décédé 7 ans plus tôt. Mais si l'album n'apporte pas de renouvellement artistique notable, Animal Boy aura tout de même le mérite de réinstaurer une certaine confiance au sein du groupe, même si les relations ne sont pas toujours au beau fixe.
En Septembre 1987, sortie de Halfway to Sanity, que les Ramones, résolument confiants, décident de produire eux-mêmes aux côtés de Daniel Rey, un producteur-guitariste dont le nom sera désormais à maintes reprises associé au groupe, en tant que producteur et co-compositeur des futurs albums. Même si l'album explore en majeure partie la même veine dure que ses deux prédécesseurs, Halfway to Sanity contient également quelques bons moments plus atypiques, comme "I Wanna Live", "Go Lil' Camaro Go" (sur laquelle Deborah Harry, la chanteuse de Blondie, prête sa voix) ou encore "A Real Cool Time".
Ce 10è album est par ailleurs le dernier auquel participe Richie Ramone, qui semblait ne plus supporter l'autoritarisme et les fausses promesses des autres membres. En effet, même après 4 ans dans le groupe, il ne bénéficiait pas de sa part sur la vente de mechandising (cela représentait pas mal d'argent). L'ancien batteur de Blondie, Clem Burke, prend les baguettes, sous le nom d'Elvis Ramone, pour 2 concerts à Providence (Rhode Island) les 28 et 29 août 1987.
Mais les Ramones ne perdront pas au change puisque c'est Marky Ramone, entre temps débarrassé de ses troubles alcooliques, qui retrouve sa place derrière les fûts. En mars 1989, Dee Dee Ramone sort son premier LP solo, sous le nom de "Dee Dee King". Un album de... hip-hop, intitulé "Standing In The Spotlight". Le hip-hop (qu'il a découvert lors d'une cure de désintoxication), Dee Dee y croit. C'est un échec commercial terrible.
Il vient même tourner le clip de "I Wanna Live" en tenue de rappeur, chaînes en or et bonnet de Kangol... au grand désespoir des autres membres du groupe. Dans ses mémoires, il se demande bien pourquoi tout le monde en avait contre lui ce jour-là. Le réalisateur du clip parle même de lui faire un procès... Cela étonne bien Dee Dee, cet acharnement général contre son plaisir personnel.
En 1989, le groupe est invité par Stephen King à composer le titre principal de la bande originale de l'adaptation cinématographique de son roman d'horreur, Simetierre, par Mary Lambert. Dee Dee s'acquitte brillamment de cette tâche avec la chanson, "Pet Sematary" (le titre original du livre et du film) qui restera un grand moment dans l'histoire du groupe. Le titre sera intégré sur le nouvel album des Ramones, Brain Drain, qui sort en 1989.
Dee Dee s'investit énormément sur ce 11è album. Il compose, dans la douleur, de nombreuses chansons et à la désagréable sensation que les autres ne le supportent plus mais ne le jettent pas parce qu'ils ont besoin de lui pour écrire. Il a l'impression qu'il se tue à composer mais que personne ne lui en est reconnaissant.
Il semblerait qu'à cette époque, le groupe soit plongé dans un cataclysme relationnel. Les "pétages de plombs" sont aussi violents que fréquents... Marky Ramone a certes réintégré le groupe, mais il lui arrive de tout casser dans le local de répétition. Joey a exaucé tout seul son "I Wanna Be Sedated", se noyant dans l'alcool et ayant de plus en plus de mal à monter sur scène sans assistance. Et le pauvre Dee Dee a l'impression de servir de bouc émissaire, responsable de toute cette poisse qui leur colle à la peau. Depuis trop longtemps maintenant.
Produit par Bill Laswell, Brain Drain est brillant et (étrangement) actuel. Au lieu d eles reléguer au rang de "has been", l'explosion du Punk hardcore les a réactualisé. Rendu leur musique plus accessible. Certains titres méritent l'attention, comme "I believe in Miracles" et la sublime reprise de "Palisades Park", de Freddy Cannon. Joey Ramone est devenu un chanteur-crooner-hypnotique au sommet de son art.
Les anciens continuent d'acheter leurs disques, les jeunes trouvent le même son que celui de la scène harcore alors en vogue, les concerts sont devenus de véritables rituels. Bien que quinquagénaires abîmés par la défonce et la vie de route, les Ramones continuent de transmettre "le truc". Intact. Mais rien de particulier ne se passe. Leur public les vénère mais ne s'élargit pas. Pas de leur vivant.
Ils fêtent leurs 15 ans de groupe. Dee Dee Ramone déclare en interview: "Les gens demandent beaucoup pourquoi on est toujours ensemble. C'est parce qu'on n'a pas de hit single. Et qu'on doit toujours travailler pour vivre."
Mais, en Juillet 1989, un événement va venir chambouler le groupe : le départ de Dee Dee Ramone. Même si le reste du groupe eut de la peine à l'admettre, la perte de Dee Dee, qui représentait à lui seul l'âme des Ramones ainsi que le compositeur le plus prolifique du groupe, fut dramatique. Le bassite déclarera dans son autobiographie:
" La dernière fois que je suis parti en camion avec mes "frangins", c'était en 1989, en Californie. J'étais sérieusement malade, à l'époque. Je n'arrêtais pas de vomir. On ne peut pas imaginer ç quel point j'étais maigre, parce que je prenais des antidépresseurs à haute dose, pour réussir à rester sobre. Comme Marky et Johnny, je ne buvais plus depuis plusieurs années. Joey buvait comme un trou et nous posait un tas de problèmes. Mais quand c'était lui, Marky et Johnny n'avaient pas l'air d'être dérangés. J'étais convaincu qu'ils voulaient que je quitte le groupe. Je les trouvait incroyablement cruels avec moi. À chaque fois que je vomissais, ils se foutaient de moi. J'essayais de ne pas faire attention, mais ça me faisait mal. Personne n'avait l'air de comprendre à quel point c'est horrible d'être devenu anorexique. Je ne leur demandais rien, car je savais qu'ils ne feraient rien. Même pas Monte, qui était une vraie nounou pour Joey, et un esclave pour les quatre volontés de Johnny. On a traversé la Californie, écoutant les résultats de base-ball en boucle. Même mes cassettes de Motörhead, ils ne voulaient pas les écouter. La plupart du temps, j'étais assis au fond du camion et je ne disais rien."
Le mal-être de Dee Dee est compréhensible, et ce n'est pas fini: "Quand on est arrivés à San Francisco, on avait un jour "off". J'avais arrêté les antidépresseurs, ce qui fait que je me sentais grave mal. Mais Monte a refusé de m'emmener à l'hôpital parce que Johnny et Joey voulaient acheter des affiches de vieux films, qu'ils collectionnaient. J'étais vraiment très mal, alors j'ai pris un taxi et je suis allé dans une clinique pour un chek-up. Le docteur m'a dit qu'à force de me sous-alimenter, j'étais totalement à plat. Ils m'ont dit que je ne pouvais pas continuer ainsi, que je pourrais aussi bien mourir dans les trois semaines." Il rajoute: "À la longue, j'en avais tellement marre qu'à chaque fois qu'arrivait "Glad To See You Go", j'étais soulagé, ça voulait dire que le set était presque fini."
Le plus Ramone des Ramones a jeté l'éponge. Mais les autres ne le supplient pas de rester: Ils n'en peuvent plus. Pour les Ramones (dont les deux seuls membres originaux sont désormais Joey Ramone et Johnny Ramone), il n'est pas question d'abandonner et l'on se met déjà à la recherche d'un remplaçant. Celui-ci s'appelle Christopher Joseph Wizard, né le 8 octobre 1965 (soit 14 ans jour pour jour de moins que Johhny), car Johnny voulait justement une sorte de "jeune Dee Dee". La drogue en moins. Son pseudonyme est C.J. Ramone.
1990-1996: La fin des Ramones
Le groupe commence cette nouvelle décennie en changeant de maison de disque, après avoir passé 16 ans auprès de
Sire Records le groupe rejoint
Radioactive Records. En 1991,
Motörhead enregistre un titre hommages, intitulé
"R.A.M.O.N.E.S". Joey parle
"d'honneur ultime". Cette même année, ils donnent leur dernier concert en
France, au Plan. Aucun promoteur de la capitale ne voulant prendre le risque économique de les faire jouer dans une salle décente. Le Club est blindé ...
L'année 1992 est marquée par la sortie, après 3 ans d'absence des studios, de Mondo Bizarro, auquel contribuera Dee Dee Ramone. C'est le premier album auquel participe C.J. Ramone, le nouveau bassiste. Il est enthousiaste, fou de joie de rejoindre le groupe et leur fait espérer que ça peu changer. Surtout, il apporte de la fraîcheur (surtout sur scène) à un groupe vieillissant et le chant lui est parfois confié. Cet album (190è au Billboard), contient de grands tubes tels que "Censorshit", "Poison Heart", "Strenght to Endure" et "Touring". Sans oublier la reprise des Doors, "Take It as It Comes".
Cette même année, le 20 décembre, ils donnent leur dernier concert en Europe, au Brixton Academy de Londres. Bannière "Adios Amigos", du nom de la tournée, en fond de scène, ils ne disent pas un mot en dehors du One-two-three-four, qui fait partie du set. Un concert légendaire devant une foule en délire. Enfin, le magasine "Spin" les désigne dans les 7 groupes les plus influents de tous les temps, aux côtés de The Beatles, Rolling Stone, The Jimi Hendrix Experience, Led Zeppelin, The Sex Pistols et Public Enemy
En 1993 sort Acid Eaters , un album de reprises (que le groupe rêvait de faire depuis longtemps), tels que "Somebody to Love" des Jefferson Airplane, "Out of Time" des Rolling Stone ou "Substitute" de The Who. Ils sortent ¡Adios Amigos! en 1995, un album proche de leurs débuts, dont le titre phare est I Don't Want to Grow Up (reprise de "I don't wanna grow up" de Tom Waits), mais qui sera néanmoins le dernier du groupe.
Il en suit une année de tournée. Et un 2263e et dernier concert, le 6 août 1996, à Los Angeles, auquel fut invité Lemmy Kilmister, Eddie Vedder, Chris Cornell et Rancid, sans oublier Dee Dee Ramone (qui s'en donnera à coeur joie pour infliger son chant à la chanson "Love Kills"). Les Ramones se séparent officiellement en 1996, après vingt-deux ans de carrière, quatorze albums studio, trois albums live et trois compilations. Le chanteur, Joey Ramone, explique: "On peut partir en retraite. On a influencé deux, trois générations de groupes, je crois qu'on a rempli notre contrat."
Dee Dee Ramone : "Une des choses que j'ai comprise, c'était que tout ce truc de compétition quand on est dans un groupe était chiant... J'aimerais que chacun d'entre nous, Ramones, aient été cool. Mais on ne savait pas faire ça. On a laissé le business nous pousser à bout. C'est un système qui contrôle la rébellion pour en tirer du profit, un peu comme le font les barons de la drogue... L'agressivité est ce qui fait tourner un bon groupe de Rock 'n' roll. Ca ne peut pas se simuler, sinon c'est de la merde et ça s'entend tout se suite. Les gens de classes supérieures n'arrivent pas à comprendre cela. Le système capitaliste ne peut pas créer des groupes de rock et s'attendre à ce que le public croie en leur énervement. Ca ne marche pas."
L'évocation de ce groupe, pour beaucoup, ne renvoie qu'au pimpant de l'adolescence. Ce manque de reconnaissance explique pourquoi les Ramones sont toujours aussi proches et importants. Bien sûr qu'eux n'avaient pas envie de rester ces éternels outsiders (comme le rappelle le titre "Outsider" sur l'album Subterranean Jungle en 1983), incapables de toucher le grand public. Eux, ils voulaient la récompense pour tout le travail effectué, ici et maintenant. Légitime, mais non accordé. Et cela ne les rend que plus grands.
1996-2001: La mort des Ramones
Le 15 avril 2001,
Joey Ramone décède à l'hôpital d'un cancer de la lymphe, qu'il traînait depuis 6 ans. Il avait 49 ans, dont 22 passés avec les
Ramones, et vivait dans
Manhattan. Il avait aussi enregistré une douzaine de chansons en solo, que son frère s'occupera de sortir en 2002, dans l'album “
Don't Worry About Me”, avec notamment la touchante reprise de “What a Wonderful World” de
Louis Armstrong.
Il avait produit un simple et un album de Ronnie Bennett, ex-Ronettes, avec qui il était ami de longue date, et montait souvent sur scène pour chanter avec elle. Il était devenu végétarien, adepte du Yoga et de la méditation, et s'était découvert une passion pour la Bourse. On raconte que son portefeuille d'actions lui rapportait beaucoup plus que ses "royalties" des Ramones et qu'il pouvait... bloquer des jours entiers devant la chaîne "Spéciales Spéculations"
Le 18 mai de la même année, veille de son anniversaire, une soirée est organisée au Hammerstein Ballroom et animée par Steven Van Zant (Springsteen et Soprano). Les invités de renom sont légion: Cramps, Debbie Harry, Ryan Adams, The Misfits, Lenny Kaye, The Independants ... Joey avait enregistré une vidéo d'adieu sur le thème "Bonne Continuation". Elle passe sur les écrans.
Dans l'histoire du Rock 'n' roll, Joey, figure titulaire et icône improbable, figure au premier plan. Comme une grande brélouze surdouée, sympathique, révolutionnaire tranquille et planqué sous sa chevelure. Pourtant, sa mort fut annoncée dans une certaine indifférence, notamment en France.
Le 30 novembre 2003, la ville de New York nomme officiellement l'angle de Bowery Street et de la 2nd Street "Joey Ramone Place", afin de rendre hommage à Joey Ramone et à tout ce qu'il apporté à la ville de New York. Aujourd'hui encore, il est consideré comme le père fondateur du Punk, "The father of punk". Une référence pour tous.
Dee Dee Ramone, le fondateur et bassiste du groupe, disparut le 5 juin 2002, d'une overdose, alors que ses proches pensaient qu'il avait arrêté la drogue. C'est sa femme, Barbara, qui l'a trouvé. La même année, le groupe fait son entrée au "Rock and Roll Hall of Fame".
Johnny Ramone, le guitariste, fut emporté, le 15 septembre 2004 dans sa maison de Los Angeles, par un cancer de la prostate. Eddie Vedder et Rob Zombie étaient à ses cotés lors de sa mort. Le film "The Wicker Man" de Nicolas Cage, avec qui il était ami, et la chanson "Life Wasted" par Pearl Jam, sortis tous deux en 2006, lui ont été dédiés. La mort, en l'espace de 3 ans, de trois des quatre membres d'origine fut perçue comme le signal de la fin d'une époque pour de nombreux amateurs de punk-rock.
Composition du groupe
Le groupe était composé, à l'origine, de :
Mais d'autres membres ont eu l'occasion de jouer dans les Ramones :
Autres
Cinéma et télévision
- Les Ramones apparaissent dans le film Rock'N'Roll High School (1979).
- Ils sont également apparus dans l'épisode Rosebud, saison 5, des Simpson ; ils y jouent un concert pour l'anniversaire de M. Burns, le patron de la centrale nucléaire de Springfield.
- Marky est apparu dans le film Blank Generation en 1979. DeeDee lui a joué dans le film Bikini Bandits en 2002.
- Les trois cafards (Deedee, Marky, Joey) de la série Oggy et les cafards font référence aux Ramones.
- Un film documentaire intitulé End of the Century: The Story of the Ramones est sorti en salle en 2005. Réalisé dans les années précédentes par deux fans du groupe, et finalement paru après de nombreuses difficultés, causées notamment par la succession de Joey Ramone, le film présente des archives vidéo et des extraits d'entrevues avec les trois Ramones aujourd'hui décédés. Les réalisateurs ont aussi obtenu, sans le savoir, la dernière entrevue avec le leader des Clash, Joe Strummer, avant que celui-ci ne succombe à un arrêt cardiaque en décembre 2002.
- Pour information, on entend souvent la reprise de What a Wonderful World de l'album solo de Joey Ramone dans les émissions de la chaîne de télévision française M6. Cette chanson est également présente au générique du film Bowling for Columbine de Michael Moore sorti au cinéma en 2002.
- La chanson "Do You Remember Rock 'n' Roll Radio?" est aussi audible dans le film d'animation Shrek le troisième sorti dans les salles en 2007.
- La chanson Pet sematary a été composée pour la bande originale du film Simetierre (Pet sematary) de Mary Lambert (USA 1989) tiré du roman éponyme de Stephen King. On peut aussi y entendre la chanson Sheena Is a Punk Rocker dans une scène clé du film conformément au roman de King, ce dernier étant fan des Ramones.
- La chanson "Judy is a Punk" fait partie de la BO de La Famille Tenenbaum, de Wes Anderson, sorti en 2002.
Albums
- Le premier album Ramones paru en 1976, est composé de mélodies binaires très rapides jouées en power chords et qui ne dépassent pas les 2 minutes. Le reste des disques est dans la même lignée.
- Joey est le seul Ramones à avoir joué dans l'album End of the Century : n'aimant pas la façon dont Phil Spector voulait enregistrer l'album, Johnny, Marky et DeeDee étaient partis avant même d'avoir commencé à enregistrer (Dans le DVD End Of The Century, Johnny déclara que Spector lui faisait recommencer des dizaines de fois le même riff, ce dernier aurait menacé le guitariste d'une arme à feu lors de l'enregistrement de l'album End Of the Century en 1979)
- Les quatre premiers albums figurent parmi les plus populaires que le groupe ait enregistrés et malgré plusieurs tentatives, les Ramones n'atteindront auprès du public que difficilement ce niveau de simplicité, d'humour décalé et de mordant qui faisaient leur style. Le cinquième album, End Of The Century, 1979, aurait pu s'inscrire dans la même lignée si le producteur Phil Spector, le « roi de la pop », n'avait pas obligé le groupe à se produire accompagné de violons et de piano afin de lui donner un meilleur accès aux stations de radio FM. Les titres les plus célebres des Ramones restent Blitzkrieg Bop, sur le premier album, avec son slogan « Hey ho, let's go ! » et Pinhead avec son manifeste punk « Gabba Gabba Hey ! ».
- La chanson The KKK Took My Baby Away (Le KKK a pris ma copine) écrite par Joey, proviendrait d'une embrouille avec Johnny . Ce dernier lui avait "piqué" sa copine, Linda et au bout du compte se serait marié avec elle. Suite à cet épisode, Joey avait gardé une grande rancoeur contre Johnny et les deux hommes se détestaient cordialement. De plus, Johnny était connu pour avoir des idées politiquement proches de la droite conservatrice, contrairement à Joey, ce qui alimentait des tensions dans le groupe. Le chanteur fit allusion à cela dans la chanson en assimilant Johnny au KKK (Ku Klux Klan, organisation d'extrême-droite ultraconservatrice, ségrégationniste et raciste).
Influences
Les Ramones furent de grands fans des
Beach Boys, le morceau
"Rockaway beach" et leur reprise de Bobby Freeman "
Do You Wanna Dance?" (que les
Beach Boys ont popularisé) rappellent ce groupe. C'est un groupe écossais, The Bay City Rollers, et sa chanson
"Saturday Night", qui a influencé
Joey pour la chanson
"Blitzkrieg Bop". Ils furent également influencés par d'autres groupes tels que les
Who (reprise de "
Substitute"), les
Kinks, les
Troggs , les
Yardbirds et les
Stooges.
Les Ramones ont influencé à leur tour d'autres groupes tels que les Clash et les Sex Pistols. Sid Vicious a dit que sa reprise de "My Way" a totalement été influencée par les Ramones. Une chanson des Ramones intitulée "Bad Brain" inspirera son nom aux Bad Brains, autre groupe fondamental du punk américain.
La chanson "Chain Saw", vous rappelera sans doute "Chain Saw Massacre" (Massacre à la tronçonneuse) : "Tex chain massacre, they took my babe, away from me" (ils ont enlevé ma petite copine ).
Discographie
Albums studio
Singles
- Sheena Is a Punk Rocker - 1977
- I Don't Care - 1977
- Do You Wanna Dance (Promo)
- Rock & Roll High School - 1979
- Baby, I Love You / High Risk Insurance - 1980
- I'm Affected - 1980
- Danny Says - 1980
- Chinese Rock - 1980
- We Want the Airwaves - 1981
- The KKK Took My Baby Away - 1981
- She's a Sensation - 1981
- It's Not My Place (in the 9 to 5 World) - 1982
- Howling at the Moon (Sha-La-La) / Smash You - 1984
- My Brain Is Hanging Upside Down (Bonzo Goes to Bitburg) / Daytime Dilemma (Dangers of Love) - 1986
- Bop 'Til You Drop - 1987
- I Wanna Live - 1988
- Pet Sematary - 1989
- I Believe in Miracles - 1989
- Can't Get You (Outta My Mind) - 1989
- Merry Christmas (I Don't Want to Fight Tonight) - 1990
Albums live
Compilations
- Rock'N'Roll High School - 1979
- Ramones Mania - 1988
- All the Stuff Vol1 - 1990
- All the Stuff Vol2 - 1990
- Hey Ho Let's Go - Anthology - 1999
- Loud Fast Ramones - Their Toughest Hits - 2002
- We're a Happy Family (Tribute) - 2003
- Weird Tales of the Ramones - 2005
- Greatest hits - 2006
- Best of Chrisalys years
Vidéographie
- Rock 'N' Roll High School - 1979
- Lifestyles of the Ramones
- RAW (Ramones)RAW - 2004
- End of the Century - The Story of the Ramones - 2005
- We're Outta Here! - Last Show + Documentary - 2005
- It's Alive - 1974/1996 (double dvd live)(2007)
- Commando, chanson jouée live dans le documentaire sur la tournée européenne de Sonic Youth en 1991 intitulé 1991: The Year Punk Broke.
Bibliographie
- Dee Dee, mort aux Ramones! - 2002 (autobiographie de Dee Dee Ramone, traduit de l'anglais en français par Virginie Despentes ), éd. Au Diable Vauvert.
Liens externes
Sources